Une mairesse empreinte de pleine conscience
- Marlene Luce Tremblay

- 17 nov.
- 3 min de lecture
Il existe des rencontres qui révèlent plus qu’une histoire : elles illuminent une manière d’être.
Ma récente conversation avec la mairesse de Hudson, Chloe Hutchison, réélue pour un second mandat de quatre ans, fut l’un de ces rares moments où la biographie rencontre la présence, où le parcours personnel devient indissociable du lieu que l’on sert.
Les premières années de Chloe se sont déroulées dans des paysages européens — la sérénité ordonnée de Genève, la douceur des campagnes entre Lyon et la frontière suisse — où ses parents s’étaient installés lorsqu’elle était enfant. Elle les décrit comme magnétiques, un mot chargé de résonance émotionnelle. Les personnes magnétiques occupent l’espace avec intention : elles sont pleinement présentes, attentives, authentiques. C’est de cette lignée de présence que Chloe puise sa force tranquille, son sens de l’équilibre et sa vision du consensus comme un art.
La famille de sa mère est arrivée au Canada en 1750. Après plus de cinq générations, leurs racines se sont ancrées dans la terre, l’histoire et l’esprit de Hudson. Pour Chloe, devenir mairesse n’a rien d’un hasard : c’est un cheminement naturel, une continuité dans la longue relation intime entre sa famille et ce lieu.
À onze ans, lors du divorce de ses parents, Chloe entre dans une période déterminante. Son père poursuit son travail de journaliste et écrivain indépendant, tandis que sa mère — que Chloe évoque avec une profonde admiration — se consacre à l’équitation de compétition avec une remarquable discipline. Elle s’occupait des chevaux, s’entraînait rigoureusement, et vivait au rythme d’une confiance intuitive, faite de mouvements et de silence.
Il n’est donc pas surprenant que Chloe ait suivi ses traces. Après son arrivée à Hudson à l’âge de quatorze ans, elle s’immerge dans l’équitation de compétition. Les chevaux deviennent des maîtres — d’humilité, de patience, d’écoute. Monter, c’est écouter : le rythme sous soi, les changements subtils d’énergie, le silence vivant où les mots deviennent superflus. Cette qualité d’attention a façonné sa vision du monde et lui a donné une forme de pleine conscience qui imprègne aujourd’hui sa manière de diriger.
Son parcours académique reflète la même détermination. À John Abbott College, elle excelle dans ses cours d’art mais réalise vite que les Beaux-Arts la stimulent trop peu. Elle cherche un défi plus grand et s’inscrit finalement à l’Université Carleton, complétant en parallèle les cours de sciences qui lui manquaient. Elle obtient son baccalauréat en architecture avec grande distinction — une discipline qui marie créativité et rigueur structurelle. L’architecture la mène naturellement vers l’urbanisme, le patrimoine et la réflexion sur l’aménagement du territoire. Elle a momentanément mis en pause sa maîtrise en design urbain, mais cette sensibilité demeure au cœur de son engagement.
La vision de Chloe pour Hudson repose sur une vérité intangible mais puissante : les choses se réalisent lorsque les gens s’unissent. L’identité de Hudson — façonnée par la nature, l’histoire et le caractère de ses habitants — s’épanouit grâce à cet élan collectif. Elle reconnaît les priorités variées des différentes générations et souligne l’importance de rester proche de ceux qui font de Hudson leur foyer.
Malgré sa nature réservée, Chloe possède une détermination calme. Forte de la continuité que lui apporte son second mandat, elle se sent prête à faire avancer les projets amorcés au cours de son premier. Il y a dans ses paroles une stabilité, presque un souffle intérieur — comme une cavalière trouvant enfin l’unisson avec sa monture.
Ses responsabilités dépassent les frontières de Hudson : elle est présidente de la Commission de la culture et du patrimoine de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) et siège à la commission spéciale chargée de la révision du Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD). Ces rôles témoignent de son engagement envers la culture, le patrimoine et un développement responsable.
Au cœur de son approche se trouve une philosophie née de ses années à cheval : équilibre, intuition, partenariat. « Être cavalière de compétition, c’est un partenariat », dit-elle — une phrase qui résume aussi bien son passé sportif que sa manière d’exercer le leadership.
Chloe croit que le caractère de Hudson s’est construit grâce à des générations qui ont vécu avec intention et civisme. Aujourd’hui, alors qu’elle guide la ville vers un nouveau chapitre, un appel se fait entendre : celui de renouveler son identité visuelle. Un nouveau logo qui exprimerait ce qui distingue véritablement Hudson. Car au-delà de son paysage naturel exceptionnel, l’essence de Hudson réside dans son esprit : un lieu où l’histoire, la communauté et la nature s’entrelacent pour créer quelque chose de discrètement extraordinaire.
C’est ce chemin que poursuit Chloe : un voyage à la fois personnel et communautaire, une histoire en mouvement, vivante, profondément enracinée.











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